Le 10 ans français repasse au-dessus de 3,7 % ; la Belgique et l’Italie dérivent un peu plus


La dérive continue pour la Belgique, les taux et les spreads atteignant des records. L’Italie se rapproche des records. Près de la moitié du marché des obligations publiques comporte un risque important de défaut. La France est moins touchée mais la situation se dégrade à nouveau.



Le 10 ans français repasse au-dessus de 3,7 % ; la Belgique et l’Italie dérivent un peu plus
Les taux français progressent cet après-midi, alors que la situation se dégrade un peu plus pour l’Italie. Si la nouveauté de ces deux derniers jours est la mauvaise tenue des taux allemands, fortement impactés par la demande insuffisante lors d’une émission d’obligation Bund 10 ans, la crise de la dette reste une réalité bien plus désagréable pour les pays périphériques ainsi que pour la France et l’Autriche.

Les taux des obligations d’Etat françaises progressent et le taux 10 ans repasse au-dessus de 3,7 %, en hausse de 5 pb sur le journée (100 pb = 1 %). Pour les maturités plus courtes, les niveaux sont stables par rapport à hier. Les spreads n’ont pas beaucoup bougé, la hausse des taux allemands compensant celles des taux français à 10 et 30 ans.

Aujourd’hui, les autres pays AAA souffrent moins, la stabilité prévalant pour l’Autriche, les Pays-Bas et la Finlande, pour les taux 10 ans.

En revanche, la pression progresse pour l’Italie, avec un taux 10 ans qui dépasse à nouveau 7,4 %. Les records de la semaine dernière sont désormais très proches. Les taux 2 ans et 5 ans sont au-dessus de 7,3 %, signe que les investisseurs n’ont qu’une confiance très faible en la capacité de l’Etat italien de restaurer rapidement ses finances publiques. Un tel niveau de taux court, quasiment au niveau des échéances très longues, s’explique par la montée d’un scénario de défaut parmi les investisseurs. En cas de défaut, ce sont ces obligations qui ont le plus de chance d’être non remboursées, d’où des primes de risque plus élevées.

Si cela persiste au-delà de quelques semaines, cela risque de déboucher sur une crise de liquidité pour l’Italie. Le pays doit emprunter près de 370 milliards € en 2012 pour se financer et se refinancer (y compris dette court terme). Cet appel de fonds risque fort de se heurter à une demande anémique et surtout à des taux encore plus élevés, creusant un plus le déficit par la hausse de la charge d’intérêt.

La même constatation est valable pour l’Espagne, le 10 ans espagnol étant à 6,7 % tandis que le 2 ans est 5,9 %.

La Belgique a connu, en l’espace de trois jours, une dégradation explosive de sa position sur le marché obligataire. Le pays a désormais un taux 10 ans à 5,8 % et des taux courts au-delà de 5,2 %. La hausse des taux dépasse 100 pb sur l’ensemble des maturités, l’une des évolutions les plus rapides observées sur quelques jours depuis le début de la crise de la dette. Le spread 10 ans atteint désormais 368 pb et le spread 2 ans 481 pb. Là encore, la probabilité du défaut s'insinue dans l’esprit des investisseurs.

La perte de confiance des investisseurs provoque des ventes massives d’obligations d’Etat belges. L’échec des négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement entraîne une incertitude budgétaire (dérive vers le défaut ?) mais aussi politique (éclatement du pays ?).

La Belgique est désormais dans la même position que l’Espagne il y a trois semaines.

Trois pays sont donc confrontés à des taux insoutenables au-delà de quelques mois et surtout des programmes d’émissions très chargés en 2012. Une crise de liquidité n’est pas exclue, tous les grands émetteurs de la zone euro rentrant dans une concurrence féroce pour obtenir l’argent des investisseurs.

Dans ce contexte, des eurobonds pourraient être une solution mais on peut douter que la qualité d’une obligation "zone euro" soit très élevée. La défiance des investisseurs envers les PIBIGS (Portugal, Italie, Belgique, Irlande, Grèce et Espagne – taux élevés ou pays sous perfusions) touche actuellement 46 % du marché de la dette publique. La France et l’Autriche « pèsent » de leur côté 24 % du marché. Au final, un eurobonds, dans le contexte actuel, aurait un taux supérieur à 4 % ! Difficile de faire avaler cela à l’Allemagne.

Reste la BCE, mais pour aider tout le monde il faudra changer de stratégie et passer à un quantitative easing à l’américaine. Solution toujours possible mais peu probable en l’état des équilibres politiques en Europe.

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Obligatations zone euro 24/11/2011 23/11/2011
Taux des obligations d'Etat 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans
Allemagne 0.45 1.27 2.13 2.81 0.41 1.18 2.07 2.75
France 1.98 3.12 3.76 4.34 1.97 3.00 3.69 4.25
Italie 7.40 7.53 7.42 7.37 7.27 7.25 7.33 7.39
Espagne 5.86 6.07 6.81 7.13 6.08 5.96 6.72 7.18
Belgique 5.25 5.68 5.77 5.83 5.08 5.26 5.58 5.60
Grece 102.68 45.36 35.80 19.30 98.74 43.59 33.88 20.08
Pays Bas 1.13 2.08 2.73 2.94 1.02 1.97 2.66 2.86
Autriche 1.92 3.42 3.98 4.27 1.88 3.44 3.95 4.23
Portugal 15.97 15.23 11.83 9.40 14.51 13.92 11.42 9.46
Irlande 9.98 10.17 9.87 - 9.09 9.48 8.84 -
Finlande 0.94 2.30 3.02 - 0.96 2.17 2.88 -
  Noir : baisse ou stable / rouge : hausse    
  24/11/2011 Variation (jour)  
Spread avec le bund Allemand (pb) 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans
France 153 186 163 154 -4 3 1 3
Italie 695 626 529 456 9 19 3 -8
Espagne 541 480 468 432 -27 2 2 -11
Belgique 479 441 364 303 12 33 13 18
Grece 10 223 4 409 3 367 1 649 389 168 185 -84
Pays Bas 68 82 60 13 7 3 1 1
Autriche 147 215 185 146 0 -11 -3 -3
Portugal 1 551 1 396 970 659 141 123 35 -12
Irlande 952 890 774 - 84 60 97 -
Finlande 49 104 89 - -6 4 8 -
100 pb = 1 %         Vert : resserement du spread
          Rouge : écartement du spread

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 24 Novembre 2011



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