Pas d’amélioration pour les spreads de la France, une confiance sur le fil du rasoir


La France continue de souffrir sur le marché de la dette publique. La perte de confiance n'est pas encore dramatique mais pourrait vite devenir une crise de liquidité. La situation n'appelle aucune complaisance.



A la clôture de mercredi 16 novembre, la position de la France sur le marché de la dette publique est toujours aussi dégradée. Le [taux de l’obligation d’Etat 10 ans de la France reste à quasiment à 3,7 %]b et le spread 10 ans atteint 197 pb (cf. tableau ci-dessous). On ne peut pas parler d’amélioration, même le record d’hier était à 200 pb.

L’absence d’amélioration se retrouve dans une hausse des écarts pour le taux 5 ans et un aplatissement grandissant de la courbe des taux de la France. Le taux 2 % atteint désormais 1,9 %, contre 1 % fin octobre.

Il convient de rappeler qu’un tel niveau de taux d’intérêt ne signifie pas une augmentation automatique et immédiate de la charge d’intérêt de l’Etat. Il ne faut pas confondre marché secondaire et marché primaire pour les obligations (cf. explications en suivant le lien).

C’est sur la durée que ceci va se retrouver dans les intérêts effectivement payés. Il ne faut pas non plus tomber dans la complaisance en pensant que cela se calmera. Depuis l’éclatement de la crise début 2010, l’évolution des taux pour les pays périphériques – les fameux PIIGS (Portugal, Italie, Irlande, Grèce et Espagne) – montre que la dérive peut rapidement devenir incontrôlable.

C’est pour cela que l’absence de réactions de la part du gouvernement à cette nouvelle situation est préjudiciable. La France n’est pas attaquée par des spéculateurs mais subit une crise de confiance. Une partie des investisseurs qui possèdent des obligations publiques françaises s’en débarrassent, préférant limiter leur exposition à la dette zone euro à la seule Allemagne. Ceci est d’ailleurs aussi visible pour l’Autriche et, dans une moindre mesure, les Pays-Bas. La pression vendeuse provoque une baisse des prix pour les obligations, donc une hausse des taux.

Le pire qu’il pourrait maintenant arriver pour l’Etat serait d’être en manque d’investisseur, c'est-à-dire de passer d’une perte de confiance à une crise de liquidité. Un test majeur aura lieu demain à ce sujet, la France se tournant vers les marchés pour se faire prêter plus de 6 milliards € à moyen et long terme.

© www.gecodia.fr                 Marché obligataire zone euro 16/11/2011 15/11/2011 Taux des obligations d'Etat 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans Allemagne 0.33 0.89 1.71 2.52 0.29 0.81 1.66 2.48 France 1.90 2.79 3.68 4.44 1.91 2.69 3.66 4.49 Italie 6.48 6.97 7.12 7.52 6.62 7.08 7.18 7.71 Espagne 5.56 5.69 6.49 7.00 5.26 5.67 6.40 6.99 Belgique 4.03 4.39 4.92 5.41 3.82 4.36 4.97 5.43 Grèce 173.08 50.11 41.84 20.06 134.28 47.60 41.62 20.65 Pays Bas 0.81 1.70 2.47 2.63 0.80 1.64 2.42 2.61 Autriche 1.88 3.04 3.71 4.16 1.81 2.90 3.61 4.23 Portugal 18.04 13.69 11.65 9.30 16.92 13.52 11.65 9.17 Irlande 7.92 7.93 8.08 - 8.07 8.14 8.25 - Finlande 0.83 1.62 2.54 - 0.89 1.59 2.52 -                     16/11/2011 Variation (jour)   Spread avec le bund Allemand (pb) 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans 2 ans 5 ans 10 ans 30 ans France 157 190 197 192 -6 2 -3 -9 Italie 614 607 542 499 -19 -20 -10 -23 Espagne 523 480 479 448 25 -6 5 -4 Belgique 370 350 322 289 16 -5 -10 -6 Grèce 17 275 4 922 4 014 1 753 3 875 243 18 -64 Pays Bas 48 80 76 11 -4 -2 0 -2 Autriche 155 215 201 164 3 6 6 -11 Portugal 1 771 1 280 995 677 108 8 -4 8 Irlande 759 704 637 - -19 -29 -22 - Finlande 50 73 84 - -11 -5 -2 - 100 pb = 1 %         Vert : resserement du spread           Rouge : écartement du spread

Équipe Gecodia.fr

Mercredi 16 Novembre 2011