Réunion de la BCE janvier 2012 : politique monétaire inchangée mais inquiétudes sur la stabilité bugétaire


La BCE n’a pas modifié sa politique monétaire lors de sa réunion de janvier. Le discours reste pessimiste. A court terme, la banque centrale ne semble pas prête à s’impliquer plus, y compris dans les rachats de dettes.



La Banque Centrale Européenne (BCE) n’a pas modifié sa politique monétaire lors de sa réunion de janvier 2012. Le taux refi reste à 1 %, après deux baisses de 25 pb consécutives en novembre et décembre. La banque centrale n’a pas fait d’annonce relative à la liquidité. Ceci est conforme aux attentes des marchés.

Le communiqué de la BCE reste plutôt concentré sur les risques baissiers sur la croissance, l’incertitude très forte et une inflation – actuellement toujours nettement au-dessus de la cible de 2 % (+2,8 % en décembre) – qui retomberait courant 2012 en dessous de 2 %. Le principal risque pesant sur l’économie européenne est bien évidemment une intensification de la crise de la dette et des ses impacts financiers mais aussi économiques (austérité). On notera que du côté des risques inflationnistes, la BCE écrit que la pression sur les salaires est modeste, une première dans un communiqué officiel.

La croissance des crédits au secteur privé et plus largement de la masse monétaire M3 est jugée faible et le risque inflationniste associé est inexistant de ce point de vue. La BCE continue de s’inquiéter de la façon dont les banques vont se recapitaliser et de l’impact sur le flux de nouveaux crédits.

Au final, le discours est toujours assez sombre et laisse la porte ouverte à de nouvelles actions. Toutefois, l’historique des décisions de la BCE et sa répugnance à baisser trop bas ses taux directeurs comme en 2009, ne permet pas de d’envisager pour l’instant un refi sous 1 %. Il faudrait pour cela que l’économie européenne plonge encore plus sévèrement dans la récession dans les mois qui viennent.

La décision d’aujourd’hui a été prise à l’unanimité contrairement à celle de décembre.

Le président de la BCE Mario Draghi a jugé jeudi que "des progrès très substantiels et significatifs en terme de consolidation budgétaire" ont été réalisés par les pays en difficulté de la zone euro mais a appelé les Européens à accélérer la concrétisation de leurs engagements en faveur de plus de discipline budgétaire.

Semblant répondre aux critiques de Mario Monti sur la manque de reconnaissance et l’absence de baisse de taux, il a ajouté que « les marchés le reconnaissent » en faisant référence aux émissions obligataires réussies de ce matin en Italie et en Espagne.

Toutefois, d'autres réformes structurelles sont pour lui nécessaires. Le nouveau pacte budgétaire, actuellement en négociation, est considéré comme central par la BCE. Le Président Draghi a d’ailleurs souhaité que son adoption soit effective dès « la fin de ce mois, pas en mars ». Pour lui, il y a « un besoin urgent de développements rapides ».

Concernant la Grèce, il a souligné que le pays doit continuer à agir sur le plan budgétaire et des réformes. La consolidation demande encore des efforts substantiels. La Troika (FMI-UE-BCE) sera à Athènes à partir de la semaine prochaine pour faire le point sur les progrès (ou l’absence de progrès).

Principaux éléments à retenir

Rien dans le communiqué ou lors de la séance de Q&R ne permet d’indiquer que la BCE soit capable de baisser le refi sous 1 %. Seule une récession sévère pourra pousser le Conseil à agir en ce sens, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Concernant les achats de dettes (programme SMP), fortement réduites sur les dernières semaines, il semble aussi très clair que la BCE ne se lancera probablement pas dans un QE (opposition politique allemande, interdiction par les statuts).

Équipe Gecodia.fr

Vendredi 13 Janvier 2012