Réunion de la BCE avril 2012 : La banque centrale toujours très prudente


En avril 2012, la Banque Centrale Européenne reste sur ses positions. La croissance est trop faible et le risque inflationniste est absent de la scène. La politique monétaire doit donc rester accommodante sur les prochains mois.



A l’issue de sa réunion d’avril 2012 (exceptionnellement un mercredi), la Banque Centrale Européenne (BCE) a laissé hier inchangé son taux refi et n’a pas fait d’annonce relative à la liquidité ou aux interventions sur les marchés. Depuis décembre dernier, le refi reste à 1 % (-50 pb par rapport à l’été dernier). Ceci est conforme aux attentes des marchés.

La position de la BCE reste très proche de celle déjà exprimée les mois précédents. Dans son communiqué de la BCE (en anglais), on retrouve toujours une vision pessimiste de la croissance et l’absence de pressions inflationnistes.

Ainsi, la BCE note que l’activité économique s’est peut être stabilisée sur le début de l’année mais c’est à un niveau faible. Les perspectives restent moroses à court terme (reprise graduelle courant 2012). Il faut noter que la BCE cite désormais clairement les principaux freins à la croissance dans la zone euro : crise de la dette (pressions sur les finances publiques mais aussi les banques), désendettement privé et financier et taux de chômage élevé dans certains pays. Les risques sur la croissance sont toujours à la baisse, notamment du côté de la crise de la dette et des cours du pétrole.

Pour la BCE, si l’inflation va rester à court terme au-dessus de la cible de 2 % (+2,6 % en mars), ce ne sera que temporaire (effet pétrole) et l’inflation devrait refluer sous 2 % en 2013. A noter cependant un nouveau passage dans le communiqué concernant la vigilance de l’institution monétaire vis-à-vis de possibles dérapages dans la boucle prix-salaires provoquée par la hausse des prix des matières premières.

Côté crédit, les agrégats sont toujours aussi faibles (croissance des crédits au secteur privé inférieure à 2 % en glissement annuel) et le risque inflationniste associé est inexistant.

Ainsi, sur la croissance et l’inflation, le discours est toujours trop « sombre » pour permettre d’anticiper un durcissement de politique monétaire à horizon 6 mois. A l’opposé, la BCE ne passera pas le refi sous 1 %, sauf aggravation très nette de la situation économique.

Concernant les mesures non-conventionelles prises depuis 2008 (achats de dettes publiques – programme SMP –, achats de covered bonds – CBPP – et prêts à très long terme – LTRO), il n’y a pas eu d’annonce (hormis le rappel que ces mesures sont « temporaires par nature »). Le président de la BCE Mario Draghi a juste noté que les progrès étaient encore à venir car sur les plus de 1 000 milliards d’euros de prêts à 3 ans accordés aux banques en décembre (489 milliards d’euros) puis en février (530 milliards d’euros prêtés), seule l’opération de décembre commençait à se retrouver dans le marché.

Ces dernières temps, la BCE a stoppé son programme d’achat de dettes publiques (stable à 213,5 milliards d’euros) et l’encours total de prêts aux banques européennes est aussi stabilisé à un peu plus de 1 200 milliards d’euros (toutes maturités confondues).

A retenir :

La BCE reste pessimiste concernant la croissance et continue de rester sereine du côté de l’inflation.

Une poursuite de la hausse des prix du pétrole sont toujours un nœud gordien pour la zone euro, avec d’un côté l’impact récessif et de l’autre le risque de faire déraper la boucle prix-salaires.

A horizon 6 mois, il paraît peu probable que la BCE change sa politique de taux et de liquidité.

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 5 Avril 2012