Recapitalisation des banques européennes : de plus en plus inévitable


La recapitalisation des banques en zone euro est désormais publique évoquée par les officiels et les gouvernements. L'enjeu est très lourd pour les banques allemandes (plus de 200 milliards €), mais aussi françaises et hollandaises (plus de 60 milliards € chacune).



Les autorités publiques européennes mais aussi la Chancelière allemande A. Merkel se prononcent en faveur d’une recapitalisation des banques européennes. La quasi-faillite de Dexia (pourtant déjà recapitalisée en 2008) et son démantèlement a ouvert les yeux d’un certain nombre de gouvernement sur l’état toujours très dégradé du système bancaire européen.

L’incertitude sur l’ampleur des pertes latentes liées à la crise de la dette sur les portefeuilles d’obligations publiques PIIGS reste extrême. Les banques étaient exposé à hauteur de plus de 600 milliards € aux PIIGS, uniquement pour systèmes bancaires d’importance systémiques (Allemagne, France, Italie, Espagne, Belgique). Ce chiffre inclut la dette italienne (resp. espagnoles) détenue par les banques italiennes (resp. espagnoles).

L’absence de visibilité sur la « vraie » solvabilité des banques provoque une crise de de liquidité en Europe (cf. graphique ci-contre sur la prime de risque interbancaire via le TED spread zone euro). Dexia est la première victime de cette nouvelle crise interbancaire.

Compte tenu des niveaux encore bas des niveaux de fonds propres dans les bilans des banques européennes dans certains pays (cf. graphique ci-contre), une recapitalisation des banques pourrait coûter entre 200 milliards € (ratio zone euro fonds propres / bilan passant à 10 %) et 400 milliards € (ratio proche de 11 %). Le coût sera principalement concentré dans les systèmes bancaires allemand (ratio actuellement à 6,5 % ; besoin de 200 milliards € de capitaux frais dans l’hypothèse basse), français et celui des Pays-Bas (environ 60 milliards € chacun).

Pourquoi est-ce important

Si la crise de la dette publique touche les états périphériques, la crise bancaire touche les états du coeur de la zone euro. La déclaration de Angela Merkel est à nos yeux le signe que la nervosité du gouvernement allemand grandit. Le faible degré de capitalisation du système bancaire allemand, surtout des banques régionales (Landesbanks), forme un terreau très favorable au déclenchement à une crise de la liquidité majeure, avec credit crunch à la clef. Pour l'instant, le gouvernement français évite d'aborder le sujet mais le problème est aussi poser pour les banques françaises.

Le problème est maintenant de trouver l’argent nécessaire à ces recapitalisation. Compte tenu de son coût élevé, une action coordonnée au niveau européen, impliquant les états, le secteur privé et les pays émergents (fonds souverains), peut avoir une masse critique suffisante pour stabiliser durablement le système bancaire européen.

Équipe Gecodia.fr

Vendredi 7 Octobre 2011