Perspectives en zone euro pour 2010


La zone euro se dirige vers une stagnation de son PIB au cours du second semestre 2010. Une demande interne absente et le ralentissement du commerce international pourraient même faciliter un retour en récession. Le risque de déflation en zone euro ne cesse de se renforcer.



La reprise a été très faible en Europe fin 2009 et début 2010. La croissance du PIB dans la zone euro en variation trimestrielle n’a atteint que +0 % et +0,2 % respectivement (États-Unis* : +1,4 % puis +0,8 %). En fait, la demande interne est restée la grande absente du mouvement de reprise, si l’on exclut les mouvements temporaires liés à la variation des stocks. En fait, la faible croissance actuelle va s’ancrer dans le paysage européen.

En effet, le consommateur européen sera toujours sous pression en 2010 avec une confiance déprimée, sans reprise sur le marché du travail – comme l’illustre le recul de l’emploi salarié au T1 2010 en France, – et avec des salaires contraints. La seule marge de manœuvre réside dans une épargne des ménages élevée en zone euro avec 15,4 % du revenu disponible fin 2009 mais les perspectives très dégradées du côté des finances publiques n’incitent pas à le faire baisser.

La consommation publique va elle aussi corriger, en lien avec les plans d’austérité. Il s’agit là d’un soutien important des années 2008-2009 qui disparaît. Avec 22 % du PIB fin 2009, la contraction des dépenses publiques en zone euro aura un impact négatif non négligeable sur la croissance.

Pour générer de la croissance, il ne reste que le commerce extérieur et la stimulation induite par ce dernier sur l’investissement productif. Or, les pays émergents ralentissant (durcissement des politiques monétaires en Chine, Inde et Brésil) et les Etats-Unis aussi, la modération du côté du commerce international va limiter les possibilités de s’appuyer sur l’extérieur pour générer de la croissance en zone euro.

Par conséquent, la croissance va rapidement s’essouffler après le T2 2010 pour retomber proche de 0 %. La possibilité d’un retour à une récession en zone euro fin 2010 a nettement augmenté.

Dans ce contexte, la correction actuelle sur les marchés financiers (baisse des marchés actions et des actifs risqués, rally vers les taux sans risque) paraît on ne peu plus logique. Les marchés prennent conscience que la zone euro risque fort de tomber dans une situation déflationniste, à l’image du Japon au cours des années 90. Mais, en plus rapide, du fait de l’impossibilité de faire appel à la relance par les dépenses publiques.

* Attention ici, données en variation trimestrielle simple, donc non annualisée.

Equipe Gecodia

Mardi 25 Mai 2010