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Pacte de Stabilité Budgétaire : La banque centrale allemande trouve le traité européen trop laxiste

La Bundesbank souligne que le nouveau traité européen qui prévoit l'adoption d'une règle d'or en zone euro et un contrôle plus strict des déficits publics nationaux ne va pas assez loin dans la contrainte, avec l'absence d'une intervention direct des autorités européennes et une porte ouverte pour de nouveaux dérapages.


Le pacte budgétaire approuvé lundi par les dirigeants européens ne va pas assez loin pour poser les bases d'une future union budgétaire en zone euro, a estimé mercredi le président de la Bundesbank Jens Weidmann.

"Il est clair que la première pierre d'une véritable union budgétaire, dans laquelle la souveraineté nationale serait confiée au niveau européen, n'a pas été posée avec le pacte budgétaire", a estimé M. Weidmann selon le texte d'un discours prononcé à Düsseldorf (nord-ouest).

"Les Etats membres ne sont majoritairement pas prêts à renoncer à leur souveraineté nationale en politique financière. Tant qu'il n'y aura pas un droit d'intervention central en cas de mauvais comportement budgétaire, une responsabilité commune ne sera pas légitime, et encore moins l'introduction d'euro-obligations", a-t-il averti.

"Il y a visiblement eu des assouplissements lors des négociations sur le pacte budgétaire, comme souvent déjà au cours du passé. Les critères pour les règles budgétaires nationales laissent encore une large marge de manœuvre, et au niveau européen il ne sera pas contrôlé si elles sont effectivement respectées", a-t-il critiqué.

Par conséquent, "une application stricte des nouvelles mesures du pacte de stabilité et de croissance ne se dessine pas à l'horizon, du moins des doutes apparaissent", selon lui.

Lundi à Bruxelles 25 des 27 pays de l'Union européenne ont adopté un nouveau traité budgétaire visant à renforcer la discipline commune suite à la crise de la dette.

L'Allemagne notamment a cependant dû renoncer à plusieurs de ses exigences, comme l'inscription obligatoire des "règles d'or" budgétaires dans les constitutions nationales et des sanctions de la Cour de justice européenne en cas de dérapages des déficits et de la dette des pays.

Le pacte budgétaire européen sera complété début mars par des mesures pour soutenir la croissance, après quoi il devra être "respecté", a fait savoir mercredi à Paris le secrétaire d'Etat allemand aux Affaires européennes Michael Link.

M. Weidmann prend ainsi ses distances avec le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, qui avait déclaré que le pacte européen adopté lundi était "un premier pas vers une union budgétaire" et que cela allait "sans aucun doute" renforcer la confiance en zone euro.

M. Weidmann a également appelé le gouvernement allemand à ne pas écouter les "chants de sirènes" du Fonds monétaire international (FMI), qui a récemment suggéré à l'Allemagne d'augmenter substantiellement les ressources des fonds de secours européens.

Il a aussi mis en garde contre les risques qu'impliquerait une politique "trop généreuse" de prêts de la Banque centrale européenne (BCE) aux banques de la zone euro.

En les inondant de liquidités comme elle l'a fait fin décembre via sa première opération de prêts sur 3 ans au faible taux fixe de 1%, la BCE pourrait inciter les banques à réaliser des investissements "plus risqués", ce qui pourrait menacer la stabilité financière en Europe, selon lui.

Une seconde opération de prêts sur 3 ans de la BCE est prévue à la fin du mois, et la demande des banques --que l'institution monétaire sert de façon illimitée-- pourrait doubler selon la presse. Fin décembre les banques avaient emprunté 489 milliards d'euros à la BCE, un record pour une seule opération.