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M. Barroso met la pression sur la Hongrie


Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso s'est dit prêt jeudi à utiliser "tous ses pouvoirs" pour que la Hongrie respecte la législation européenne, alors qu'un bras de fer est engagé avec Budapest au sujet de textes constitutionnels controversés.

"Nous utiliserons tous nos pouvoirs pour nous assurer que la Hongrie respecte les règles de l'Union européenne", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Copenhague pour le début de la présidence danoise de l'UE.

M. Barroso s'est, dans le même temps, dit encouragé par les signaux en provenance de Budapest assurant que le gouvernement Orban était prêt à "négocier" sur les points litigieux.

La Commission européenne a haussé le ton mercredi face au gouvernement conservateur de Viktor Orban, accusé par ses détracteurs de dérives autoritaires.

Elle a menacé de traîner Budapest en justice si rien n'était fait pour modifier des lois pouvant porter atteinte à l'indépendance de la justice et de la banque centrale du pays.

Concrètement, trois lettres de mise en demeure doivent être envoyées la semaine prochaine au gouvernement hongrois pour lui donner deux mois pour se conformer au droit européen, faute de quoi des poursuites seraient entamées devant la Cour européenne de justice.

De la question de l'indépendance de la Banque centrale en particulier dépend la reprise de négociations sur une aide économique demandée par Budapest à l'UE et au FMI.

Toutefois, certains députés européens, comme le chef du groupe libéral-démocrate au Parlement européen Guy Verhofstadt, ont proposé d'aller encore plus loin. Il s'agirait d'activer à l'encontre de Budapest une clause de l'article 7 du traité européen qui permet de suspendre les droits de vote dans l'UE d'un Etat en cas de "violation grave" et continue des valeurs fondamentales des Vingt-Sept.

Le sujet tiendra le haut du pavé lors de la session la semaine prochaine du Parlement européen à Strasbourg.

Quelques commissaires européens libéraux ont plaidé en interne pour que cette voie ne soit pas exclue, lors d'une réunion de l'exécutif européen mercredi.

Toutefois, l'exécutif européen dans son ensemble, chargé de veiller au respect du traité de l'UE, exclut dans l'immédiat de proposer cette option très dure.

"La situation n'est pas mûre pour une procédure en vertu de l'article 7", estime une source européenne.

"En parlant de déclencher l'article 7, les eurodéputés veulent faire de la politique", juge la source.

Or, pour arriver à une telle issue, au final "il faut que 26 chefs d'Etat et de gouvernement sur 27 soient d'accord, c'est-à-dire l'unanimité moins l'Etat visé. Or, pour l'instant, très peu se sont exprimés et aucun n'a dit que la Hongrie avait violé le traité, ils ont seulement exprimé des préoccupations. On aimerait entendre l'Allemagne, l'Italie, le Royaume Uni, l'Espagne, la Pologne sur
cette question".

De manière assez paradoxale, ce sont les Etats-Unis qui ont été les plus critiques à l'égard de Budapest. La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, s'est inquiétée ouvertement de "la situation de la démocratie".

La France compte parmi les rares pays européens à avoir dit sa préoccupation. "Il y a problème aujourd'hui" en Hongrie, a jugé le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.