Les craintes de stagflation vont continuer à faire remonter les taux d’intérêt


La résurgence des craintes de stagflation provoque une hausse généralisée des taux longs. Ce contexte va persister à court terme, avec une croissance mondiale robuste.



Les craintes de stagflation vont continuer à faire remonter les taux d’intérêt
Les craintes de stagflation jouent actuellement à plein sur les marchés. La hausse généralisée des cours des matières premières depuis maintenant 6 mois provoquent une poussée au niveau de l’inflation mondiale. Elle touche en premier lieu les pays émergents, où la proportion de l’alimentation et de l’énergie dans le panier moyen des ménages est nettement plus importante (près de 50 % en Chine, Inde et Brésil) que dans les pays développés (zone euro : alimentation 16 % et énergie 9 %). A ceci se rajoute de bonnes perspectives de croissance économique mondiale à court terme (cf. indicateur avancés OCDE globalement en amélioration). Le contexte est donc porteur pour les craintes de retour d’une inflation forte.

Les craintes de stagflation vont continuer à faire remonter les taux d’intérêt
Ceci se retrouve dans les niveaux de taux des obligations d’Etat depuis fin octobre dans les pays développés. Aux USA, le taux 10 ans dépasse 3,5 % pour la première fois depuis mai 2010. Idem pour le UK et la France (taux 10 ans proche de 3,6 %). En Allemagne, la référence européenne, le taux 10 ans est au plus haut depuis début 2010. Ceci malgré une politique monétaire très accommodante dans ces zones, que les banques centrales justifient par un niveau encore élevé d’excès de capacité (taux de chômage et output gap négatif) et une inflation sous-jacente encore très basse (sauf au UK où la politique monétaire paraît désormais laxiste). Pour les autres pays européens, surtout les PIGS, s’est rajoutée la hausse du spread avec le Bund allemand.

La hausse des taux concerne aussi les obligations privées (taux AAA zone euro passant de 3 % à 3,8 % entre début octobre et début février) et les obligations des pays émergents (taux souverain à 4,8 % contre 4 % début octobre). On remarque cependant que ce sont les taux d’Etat des pays développés qui ont le plus monté.

Pour apprécier si cette hausse peut persister il faut regarder deux choses. D’une part, il y a peu de chances que les craintes inflationnistes se dissipent rapidement. Même en considérant que les prix des matières premières restent stables (improbable car la crainte de stagflation pousse les matières premières – hedge contre l’inflation – à la hausse), l’inflation progressera encore sur la première partie de 2011 pour ne baisser que vers la fin de l’année. Ainsi, les marchés auront de quoi se mettre sous la dent pour justifier leurs craintes. D’autre part, l’impact négatif sur la croissance d’une hausse de taux ne se fera sentir que graduellement. Beaucoup de pays ont des marchés immobiliers déjà dans les choux et donc le choc ne pourra se propager de ce côté (sauf peut être en France).

Au final, si de notre côté nous persistons à penser que cette poussée inflationniste sera transitoire, le contexte devrait rester jusqu’à la fin du printemps négatif pour les marchés obligataires, avec une poursuite de la hausse des taux d’Etat.

Equipe GECODIA

Vendredi 4 Février 2011



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