Les banques prêtent moins et plus cher, le crédit immobilier en août 2011 illustre le retournement du marché


Le flux de nouveaux crédits immobiliers confirme son décrochage. Le marché immobilier en France se retourne. L'ampleur de la correction dépendra de l'attitude des banques françaises.



En août 2011, le flux de nouveaux prêts immobiliers en France continue de s’affaiblir, les nouveaux crédits retombant à 166,9 milliards € (cumul 12 mois). En regardant les données non cumulées (estimation gecodia.fr), après un pic fin 2010 (près de 25 milliards sur ce seul mois), le flux de nouveaux crédits à l’habitat s’est effondré à la fin du printemps et est passé sous les 10 milliards € aux mois de juillet et août.

Le décrochage est brutal. Il est cohérent avec les dernières évolutions sur les statistiques de transactions immobilières (en valeur et en volume).

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Le taux d’intérêt* pour les prêts immobiliers à taux fixe progressent à nouveau, à 3,99 % (3,41 % en décembre dernier) et celui pour les taux variables atteint 3,68 % (3,02 % en décembre dernier). Cette hausse s’accompagne d’une augmentation de la marge des banque. Le taux des obligations d’État OAT 10 ans a en effet nettement baissé sur les derniers mois. L’écart entre le taux « commercial » et le taux d’Etat illustre est désormais nettement favorable aux banques (cf. graphique ci-contre).

Pourquoi est-ce important ?

En mars dernier nous étions pessimiste à moyen terme concernant l’évolution du marché immobilier en France. Nous écrivions : « à nos yeux, les fondamentaux de l’économie française ne justifient pas une telle euphorie. Nous attendons une nouvelle phase baissière sur le marché immobilier, provoquée entre autre par une remontée des taux d’intérêt. L’inflexion semble commencer en province. L’honnêteté pousse toutefois à dire que le timing et l’ampleur de la correction sont impossibles à préciser (mi-2011, fin 2011, 2012 ???) ».

L’affaiblissement du flux de crédit va dans le sens d’un retournement dès mi-2011. Les contextes fiscal (fin ou réduction des niches immobilières), économique (risque de double dip, modération salariale et chômage en hausse) et financier (banques françaises touchées par la crise de la dette et durcissant les conditions d’accès au crédit) sont négatifs pour l’immobilier.

De plus, la valorisation s’est nettement dégradée avec les fortes hausses de prix entre mi-2009 et le début de cette année. D’ailleurs, en province, les prix immobiliers ont commencé à flanché au deuxième trimestre de cette année.

L’ampleur de la correction immobilière sera en grande partie « gouvernée » par l’attitude des banques au cours des prochains mois. Un resserrement brutal de la distribution du crédit entraînera une baisse de prix plus violente que celle de 2008-2009 (-9 % en 5 trimestres au niveau national). Les prix sont plus hauts et l’environnement fisco-economico-financier plus dégradé qu’alors pour la France.

A l’inverse, si une recapitalisation intervient rapidement, compte tenu du contexte sur les marges, le crédit devrait rester disponible. Dans ce cas, le marché immobilier en France devrait plutôt rentrer dans une léthargie que dans une crise.

* hors assurance

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 6 Octobre 2011