La création d’eurobonds semble illusoire tant que la crise de la dette n’est pas résolue


La création d’eurobonds se heurte à une opposition politique, car c’est un grand pas vers le fédéralisme. Les niveaux de spreads sur les taux d’intérêt entre pays de la zone euro rendent ce projet tout aussi illusoire. Ce projet ne sera viable qu’une fois la crise de la dette terminée.



La création d’eurobonds semble illusoire tant que la crise de la dette n’est pas résolue
Une des solutions avancées pour résoudre sur le long terme la crise de la dette en zone euro est de mutualiser les émissions des dettes obligataires d’Etat en créant des obligations zone euro (eurobonds). L’idée est de regrouper tout ou une partie des émissions de dette effectuées par les Etat dans un véhicule commun sous la houlette d’une institution d’émission dédiée (du type Trésor européen). Ceci dit, pour la Grèce cela ne change rien, le pays ne pourra pas se joindre à un tel dispositif qu’une fois sa situation budgétaire durablement assainie.

Ce grand pas vers une Europe fédérale suscite une forte opposition en Allemagne, en Finlande et aux Pays-Bas. Mais, au-delà des problèmes politiques, regrouper tous les emprunts souverains de la zone euro dans une seule obligation semble encore impossible.

Actuellement, le taux 10 ans allemand est à 2,7 %. Les pays centraux de la zone présentent des spreads allant de 38 pb (100 pb = 1 %) pour les Pays-Bas et la Finlande à près de 70 pb pour la France. Les spreads ont explosé dans les pays périphériques (plus de 300 pb pour l’Espagne et l’Italie, plus de 1 000 pb pour le Portugal et l’Irlande et plus de 1 500 pb pour la Grèce).

En agrégeant les taux pour les différents pays (cf. graphique ci-dessus, source BCE), le taux 5 ans se situe autour de 3,5 % et le taux 10 ans est proche de 4,5 %. Pour les pays « core », l’adoption d’eurobonds pourrait se traduire par une hausse sensible du coût de la dette (le taux 5 ans zone euro étant plus haut actuellement que le taux 10 ans allemand). Les gouvernements les plus vertueux n’accepteront pas de voir leur taux converger aussi fortement dans le mauvais sens.

La création d’eurobonds semble illusoire tant que la crise de la dette n’est pas résolue
Une solution serait de limiter les eurobonds aux pays de la zone euro actuellement notés AAA par les agences de notations. Dans ce cas, le taux 10 ans AAA agrégé tombe à 3,2 %. Cela reste supérieur au taux allemand mais l’écart est faible (50 pb). Mais dans ce cas, quel intérêt pour résoudre la crise de la dette ? Cela reviendrait à regrouper uniquement les émissions allemandes, françaises et hollandaises (les autres pays ne pèsent rien en termes de dette).

Impacts économiques

On ne peut réellement en vouloir à l’Allemagne de rejeter les eurobonds pour l’ensemble de la zone euro, la hausse des taux étant trop marquée. Une émission commune n’a pas plus de sens si elle exclue l’Italie (plus gros émetteur d’obligations d’Etat de la zone euro), l’Espagne (4e émetteur) et la Belgique (5e émetteur). Le niveau des spreads rend le projet illusoire à l’heure actuelle.

En revanche, l’adoption d’un plan crédible de sortie de crise par les gouvernements permettra de réduire les spreads belges, espagnols et italiens. Dans ce cas seulement, la création des eurobonds aura du sens. Pour mémoire, début 2010, tous les spreads étaient inférieurs à 40 pb (y compris pour la Grèce).

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 21 Juillet 2011




1.Posté par Paul Gaspais le 09/08/2011 12:11
En Espagne, la dette est moins élevée (63,6% au 1er trimestre) -Allemagne (83,2%)-#France (81,7%)- mcaf.ee/dc6v1 | mcaf.ee/zxr3k

2.Posté par Puysilloux Jean-Marie le 26/08/2011 15:30
C'est vrai que les spreads ont pris une mauvaise pente mais je crains que ce ne soit dû essentiellement à l'attitude des agences de notations et donc du manque de visibilité sur les marchés. Maintenant que les marchés résistent aux "Eurobonds", c'est évident car une partie de leur pouvoir d'action se trouverait limité par l'accroissement du fédéralisme. Maintenant que les "bons"élèves de l'Europe voient d'un mauvais oeil leur dette accru ipso-facto, c'est compréhensible. D'un autre côté il va bien falloir récupérer des liquidités qui se baladent... d'où diminuer de fait le montant de la dette. Je continue à penser qu'une agence de notation européenne aurait un impact sur les marché, car qu'on le veuille où non nous sommes tributaires de l'appartenance de ces agences à la manière et au réseau Anglo-Saxon !


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