La France face au mur de la dette : les besoins de financement et de refinancement sur 2012-2014


Même si le déficit de l’État devrait se réduire sur les prochaines années, les besoins de refinancement vont rester très importants. La France reposera donc lourdement sur la confiance des marchés. Or, celle-ci est fragile.



La qualité de la dette obligataire souveraine de la France se dégrade à nouveau ce matin. L’écartement des taux d’intérêt français par rapport aux taux allemands continue, le spread français pour les taux 10 ans dépassant 120 pb pour la première fois (OAT 10 ans : 3,17 % contre 1,94 % pour le Bund 10 ans).

Comme nous l’écrivions hier, ce qui importe désormais est de maintenir la confiance des investisseurs sur le marché obligataire. En effet, les besoins de la France sur les prochaines années sont tels que l’Etat ne pourra fonctionner sans un accès « confortable » aux marchés, notamment internationaux (65 % de la dette est détenue par des investisseurs étrangers).

Les besoins sont à la fois liés au fonctionnement de l’Etat, à savoir le financement du déficit, mais aussi au refinancement de la dette. En effet, chaque année, un certain montant de dette obligataire émise sur les années précédentes arrive à terme. Pour une obligation, tout le capital emprunté au départ est remboursé en une seule fois à l’échéance. Afin d’assumer ce remboursement, l’Etat émet une dette « de remplacement ».

Compte tenu des prévisions du gouvernement en termes de déficit budgétaire de l’État sur les prochaines années, la France aura besoin de trouver 82 milliards € en 2012, puis 52 et 42 milliards € respectivement en 2013 et 2014. En 2011, le besoin de financement va atteindre 96 milliards €.

Côté refinancement, l’Etat va devoir trouver 57 milliards € en 2012, puis 66 et 40 milliards € en 2012 et 2013 pour remplacer la dette obligataire à long terme (OAT). Pour la dette à moyen terme (BTAN), les besoins seront de 43, 56 puis 53 milliards € sur les trois prochaines années.

Ainsi, malgré la réduction du déficit planifié par l’Etat, le recours aux marchés évoluera peu en 2012 et 2013, avec 182 puis 174 milliards € contre 190 milliards € en 2011.

Pourquoi est-ce important ?

Les vrais problèmes commencent pour la stabilité budgétaire de la France. Si les financeurs de l’Etat perdaient confiance (ce qui n’est pas encore le cas, on n’en ait qu’aux prémices), le coût de la dette progresserait comme en Italie ou en Espagne. Pour contrer l’effet boule de neige sur la dette publique, une austérité dure devrait se mettre en place.

Il ne faut donc pas sous-estimer les risques pesant actuellement sur la France. L’enjeu est tout autant de réduire le déficit que de garder la confiance des marchés pour assurer un refinancement.

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 20 Octobre 2011