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Entretien : « En Méditerranée, la dépendance au tourisme empêche la diversification »

Grandes perdantes de la crise due au Covid-19, les régions méditerranéennes peinent à réinventer leur modèle économique.


Dans un entretien avec le journal Le Monde, Guillaume Guidoni, chef économiste du cabinet de conseil Gecodia, explique que les fragilités des régions méditerranéennes, grandes perdantes des crises économiques successives qui ont touché l'Europe depuis 2008.

Les régions méditerranéennes, bien qu’appartenant à des pays différents, partagent une même orientation économique centrée sur les activités dites présentielles, axées sur les biens et services destinés aux résidents et surtout aux touristes. Ces régions, telles que le Mezzogiorno italien, les côtes espagnoles, la Sicile, la Grèce ou la Corse, sont fortement dépendantes du tourisme saisonnier, ce qui les rend particulièrement exposées aux chocs économiques.

Déjà durement éprouvées par la crise financière de 2008, ces régions se distinguent aujourd’hui encore par des taux de chômage parmi les plus élevés de la zone euro, notamment chez les jeunes, une faible productivité et un niveau élevé de pauvreté.

Guillaume Guidoni souligne que cette dépendance à des racines profondes, ces régions n'ayant pas développé de bases industrielles solides. Elles se sont plutôt spécialisées dans les activités « présentielles », c’est-à-dire la production de biens et services destinés aux locaux et, surtout, aux touristes.

La crise sanitaire a mis en évidence la nécessité pour ces régions de diversifier leur économie. Cependant, cette diversification est entravée par des obstacles structurels tels que le manque d'infrastructures, l'insuffisance des investissements et une gouvernance locale souvent faible. La pandémie a ainsi exacerbé les inégalités économiques entre le Sud et le Nord de l'Europe, ce dernier étant généralement plus industrialisé et donc moins affecté par la chute du tourisme.

Repenser le modèle économique méditerranéen devient crucial pour réduire la vulnérabilité de la zone face aux crises futures.