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Dette de la Grèce : les banques marquent leur impatience de trouver un compromis


Les négociations pour l'effacement d'une partie de la dette grecque se sont poursuivies jeudi à Athènes dans une atmosphère fébrile, les banques marquant leur impatience de trouver un compromis pour résoudre une équation sur laquelle repose l'avenir de la Grèce et de l'euro.

"Le temps commence à être compté" a déclaré jeudi soir l'Institut de la finance internationale (IIF) dont le patron Charles Dallara a rencontré le Premier ministre grec et le ministre des Finances dans la journée à Athènes pour tenter de boucler cette équation, qui permettrait d'éviter un défaut de paiement en mars au pays, en faisant participer les banques à l'effort collectif.

Mercredi, le gouvernement grec avait affiché son optimisme sur la marche de ses négociations avec le secteur privé pour cette opération d'échange d'obligations, censée être volontaire, tandis que selon des sources gouvernementales jeudi, l'espoir d'Athènes était de boucler un accord la semaine prochaine.

Mais le ministre adjoint aux Finances Philippos Sahinidis a jeté un froid en indiquant que la Grèce pourrait avoir besoin d'une perfusion supplémentaire de ses partenaires européens pour compenser une participation insuffisante des créanciers privés à l'effacement prévu de 100 milliards de sa dette.

"Si la participation (des créanciers privés NDLR) n'est pas de 100%, alors un soutien plus important de nos partenaires sera nécessaire", a affirmé M.

Sahinidis dans un entretien sur la radio Skaï, cité par le site internet de la station.

Il commentait des déclarations attribuées par le quotidien allemand Handelsblatt à la directrice du FMI Christine Lagarde, selon lesquelles il faudrait augmenter d'"un montant significatif en dizaines de milliards" d'euros l'aide à la Grèce.

Les représentants des créanciers privés (IIF) doivent avoir vendredi midi une nouvelle rencontre "importante" avec les dirigeants grecs, a pour sa part annoncé le ministre des Finances, Evangélos Vénizélos, à l'issue d'une première rencontre avec ces derniers.

"Nous attendons une nouvelle importante ce soir", a ajouté sans plus de détails M. Vénizélos, invoquant une réunion à Bruxelles du groupe de travail de la zone euro consacrée à l'opération grecque.

Selon une autre source proche des négociations, la participation des créanciers privés, au prix de pertes d'environ 50% de leurs mises, reste actuellement inférieure à 70%.

Une telle participation serait insuffisante pour tenir les objectifs assignés à l'opération par la zone euro, dans le cadre de son deuxième plan de sauvetage de la Grèce mis au point fin octobre, soit l'effacement de 100 milliards de la dette souveraine, afin de la ramener à 120% du PIB en 2020 contre plus de 160% actuellement.

Dans cette perspective, experts et médias évoquent depuis plusieurs semaines l'hypothèse d'un renforcement du soutien financier accordé à la Grèce par la zone euro, ou d'une prise en compte dans l'opération d'échange de titres, jusque-là totalement exclue par sa direction, des obligations souveraines grecques détenues par la Banque centrale européenne (BCE).

"Cette question doit être débattue à Bruxelles jeudi soir", a indiqué une source gouvernementale grecque jeudi.

Selon la chaîne de télévision grecque Méga, les deux principaux négociateurs grecs, dont le chef de l'Agence de la dette Pétros Christodoulou, se trouvaient jeudi à Bruxelles.

Néanmoins à Francfort, le vice-président de la Banque centrale européenne (BCE) Vitor Constancio a indiqué que la BCE n'était "pas impliquée" dans les négociations de la Grèce avec ses créanciers privés pour une réduction de sa dette.

"Cela concerne le secteur privé. Nous ne sommes pas impliqués", a-t-il déclaré alors que certaines voix appellent la BCE à contribuer à l'effort visant à réduire le poids de la dette d'Athènes, confronté à la réticence de certaines banques et fonds d'investissemment.