Crise nucléaire au Japon : le point sur les marchés financiers


Depuis 2 jours, le yen s’apprécie très rapidement face à l’euro et au dollar US. A l’inverse, le CDS du Japon s’est fortement dégradé.



Cette nuit sur les marchés asiatiques, le yen a touché un plus bas historique face au dollar US, à 76,5 yen pour un USD (cf. taux de change USD/JPY). Il remonte légèrement en début de matinée en Europe, à 79 ¥/$. Face à l’euro aussi, le yen s’est fortement apprécié, tombant ce matin à 9h (heure de Paris) à 110 ¥/€ (cf. taux de change EUR/JPY). Rappelons qu’une appréciation du yen correspond à une baisse de l’USD/JPY ou de l’EUR/JPY.

Ces mouvements sont assez violents. La volatilité implicite (contre dollar US) remonte fortement sur le forex, bien sûr pour le yen mais aussi pour le dollar australien et le franc suisse. C’est le signe d’une nervosité grandissante parmi les traders et d’une hausse de l’aversion pour le risque. Les niveaux de volatilité restent inférieurs à ceux observés lors de la période de stress précédent (mai 2010).

L’appréciation du yen est assez paradoxal car la très probable récession économique consécutive à ces terribles catastrophes naturelle et nucléaire (on parle ce matin de coupure géante d’électricité au Japon) devrait plutôt fragiliser la position du yen. L’explication la plus vraisemblable est que les traders anticipent des rapatriements très conséquents de capitaux et de bénéfices placés à l’étranger par les entreprises. Ceux-ci ont probablement commencé mais c’est surtout les anticipations des traders et les paris spéculatifs qui expliquent l’ampleur des variations. On verra plus clair en fin de semaine avec la publication des positions spéculatives sur l’USD/JPY.

Une intervention de la BoJ, probablement concertée avec d’autres grandes banques centrales, est attendue sur les marchés.

Autre élément assez notable sur les marchés, le CDS 5 ans sur la dette publique du Japon a touché les 120 points hier. Il a fini la journée à 104 points. Depuis lundi, le coût de l’assurance contre un risque de défaut pour la dette souveraine de maturité 5 ans a connu une dégradation marquée, passant de 78 points avant le séisme à 94 points lundi puis passant au-dessus de 100 points depuis mardi. Les investisseurs sont donc moins confiants dans la qualité de la dette japonaise. Ce mouvement est somme toute assez logique car le pays est déjà confronté à une situation budgétaire difficile (cf. article de lundi dernier).

Toutefois, le CDS reste encore largement inférieur à celui de l’Italie ou de l’Espagne (resp. 165 et 245 points hier). On est loin des niveaux de stress du Portugal (513 points). De plus, les taux d’Etat japonais sont ancrés (10 ans stable à 1,21 %, soit le plus bas niveau de tous les pays développés).

Equipe GECODIA

Jeudi 17 Mars 2011