Crise de la dette : les marchés estiment à plus de 80 % la probabilité de défaut de la Grèce


Après sa dégradation par l’agence de notation S&P à CCC, le CDS de la Grèce est passée au-dessus de 1 600 points. Les marchés estiment qu’un défaut est quasi-certain.



S&P a dégradé hier la note sur la dette obligataire publique de la Grèce. Elle est passée de B à CCC (soit trois crans de moins). Elle est désormais classée parmi les dettes hautement spéculatives, à très forte probabilité de défaut. S&P juge que la Grèce ne pourra pas sortir de cette crise sans repousser dans le temps (rééchelonnement) ou annuler (défaut) une partie des remboursements des obligations d’Etat arrivant à échéance entre 2012 et 2015 sans une aide UE+FMI à long terme. Or, les incertitudes politiques en Grèce (acceptabilité de la rigueur) et en Europe (Allemagne, Finlande) sont fortes.

Pour aller plus loin et consulter nos derniers articles sur la crise de la dette, vous pouvez consulter notre dossier crise de la dette en zone euro.

Il existe un moyen de connaître ce que les marchés financiers anticipent comme probabilité de défaut pour la dette grecque. Il suffit de passer par les Credit Default Swap (CDS). Ces produits financiers servent à s’assurer contre un défaut sur une obligation. La prime pour le CDS, exprimé en point de base (100 pb = 1 %), correspond au montant qu’il faut payer pour acheter une protection sur 1 000 000 € (ou $). Un CDS à 100 pb implique une prime de 1 %, 10 000 $ pour s’assurer contre le défaut.

Comme le montre le tableau ci-dessus, le CDS de la Grèce est actuellement de plus de 1 600 pb. Il est largement devant tous les autres pays de la zone euro. Les CDS du Portugal et de l’Irlande sont autour de 770 pb. L’Espagne est proche de 270 pb et la France de 80 pb.

Le tableau ci-contre (cliquer pour agrandir) permet de lire en ligne la probabilité de défaut à 1 an et en colonnes le taux de recouvrement espéré (recovery à 50 % = le créditeur récupère 50 % des sommes prêtées). Avec un CDS autour de 1 600 pb, la probabilité de défaut estimée par les marchés est pour la Grèce est supérieure à 80 % d’ici un an. Une quasi-certitude.

Impacts économiques

En résumé, les investisseurs ne croient pas à une stabilisation de la situation en Grèce sans défaut. La probabilité est très forte, probablement trop forte car les taux de recouvrement attendu sont très faibles. La crédibilité du plan d’aide est nulle.

Équipe Gecodia.fr

Mardi 14 Juin 2011