Crise de la dette : la crise interbancaire court toujours


Alors que l’on observe une légère décrue de la tension sur les dettes publiques des PIIGS, le marché interbancaire reste en crise. Les effets sur l’économie réelle vont s’accentuer avec le resserrement du crédit.



La crise de la dette en zone euro continue de courir tel un feu de tourbe. A la surface, les actions des autorités européennes et des gouvernements vont dans le bon sens, la fumée de dissipe.

La BCE va mettre en place des opérations spéciales de refinancement à long terme (12 mois en octobre et 13 mois en décembre) et réanime son programme d’achats de dettes bancaires structurées (covered bonds), facilitant ainsi l’accès des banques européennes à la liquidité.

Les gouvernements votent l’extension du fonds de sauvetage européen (FESF), même si une péripétie passagère en Slovaquie a perturbé le processus. De plus, on parle désormais ouvertement de recapitalisation du système bancaire européen. Rappelons (cf. article en lien ci-avant) que le coût d’une recapitalisation décisive est quelque part entre 200 et 400 milliards €, principalement concentrés dans les banques allemandes, françaises et néerlandaises. Le programme d’achat de covered bonds aide en majorité les banques allemandes (plus de 50 % du marché), françaises (30 %) et espagnoles (21 %).

En revanche, sous la surface les flammes courent toujours. Sur le marché interbancaire, la prime de risque mesurée à l’aide du TED spread zone euro (écart Euribor et taux d’Etat AAA) ne bouge quasiment pas depuis plus de 2 semaines pour toutes les maturités (de 3 mois à 12 mois), restant proche des niveaux post-Lehman de l’automne 2008. De plus, les banques se « gavent » de liquidité auprès de la BCE. En début de semaine, les montants déposés auprès de la BCE sur la facilité de dépôt (miroir de la liquidité en excès) ont atteint 270 milliards €, au plus haut depuis l’été 2010. Toutefois, compte tenu de la teneur du refinancement actuellement recherché (du 7 jours et 3 mois), la trajectoire est – là encore – celle de l’automne 2008.

Pourquoi est-ce important ?

Si les spreads sur les dettes souveraines des états périphériques de la zone euro se resserrent, il ne faut pas se leurrer : la crise interbancaire est toujours en place en Europe.

Pour l’instant, les seules actions ayant eu un impact effectif sur le marché sont celles de la BCE. Le FESF ou une possible recapitalisation sont encore loin d’être dans une phase opérationnelle. Ceci explique que le stress sur les banques européennes reste si fort.

Cette crise se diffuse à l’économie réelle à travers, désormais, le canal du crédit en zone euro. Par exemple, les banques françaises resserrent déjà l’accès au crédit pour les ménages, les entreprises ou les collectivités locales. Ceci menace la zone euro de nouvelle récession au tournant de l’année.

Équipe Gecodia.fr

Mercredi 12 Octobre 2011