Crise de la dette en zone euro : la contamination touche 2 600 milliards € d’obligations


La contagion sur les spreads touche désormais l’Italie et la Belgique. L’Italie rentrant dans la danse, on change d’échelle et le risque porte désormais sur près de 2 600 milliards €.



La hausse des spreads sur les dettes publiques obligataires touche l’Italie (spread pour le taux 10 ans proche de 200 pb (100 pb = 1 %) et la Belgique (spread proche de 150 pb). Le taux d’État 10 ans est proche de 4,8 % en Italie et de 4,2 % en Belgique contre 2,9 % en Allemagne (3,3 % en France).

6 pays sont désormais en stress, dont deux déjà à terre (Grèce et Irlande). La crise de la dette sera aussi fatale au Portugal. Pour les 3 autres (Espagne, Italie et Belgique), la montée des spreads oblige à se poser la question des enjeux financiers.

Sur un encours total d’obligations publiques en zone euro de 5 413 milliards € (attention : uniquement dette placée sur les marchés financiers et non dette totale), la Grèce et l’Irlande pèsent 7 %, avec 270 milliards € et 90 milliards €. En ajoutant la dette portugaise, soit 104 milliards €, on arrive à un petit 9 %.

En revanche, comme le montre le graphique ci-dessous, l’Espagne, la Belgique et surtout l’Italie sont des bien plus gros morceaux : 470 milliards € pour la dette espagnole, 270 milliards € pour la Belge et 1 360 milliards € pour la dette publique italienne. L’Italie est le plus gros émetteur de la zone euro, devant l’Allemagne et la France. La dette publique en Italie atteindra selon l’OCDE 133 % du PIB en 2012 (82 % en Allemagne, 100 % en France).

La crise de la dette en zone euro touche donc 2 570 milliards € d’obligations publiques , soit 47 % du total de la zone euro. On change complètement d’échelle. Dans ce contexte, le fonds EFSF, avec 750 milliards € d’aide possible, paraît minuscule. Et encore, on n’inclut pas la dette privée, notamment bancaire.

Bien évidemment, y compris pour l’Espagne, la banqueroute est loin. La situation budgétaire espagnole est assez forte pour éviter un plan d’aide. Mais la montée des taux déprécie la valeur des obligations et entraîne des pertes pour ceux qui détiennent ces obligations (banques, assurances mais aussi fonds obligataires). Sur 2 600 milliards €, l’impact est loin d’être négligeable.

Le risque est donc de voir les gros investisseurs (fonds et assureurs notamment) commencer à se débarrasser de la dette italienne, comme ils l’ont déjà fait avec les dettes PIGS. La raréfaction des acheteurs poussant les taux un peu plus haut, réduisant encore la demande. Une belle prophétie auto-réalisatrice.

C’est pour cela que la pression de la part des grands pays de la zone euro sur le Portugal pour qu’il fasse appel au fonds européen est aussi forte. La zone euro peut se « payer » le luxe de soutenir les petits pays. Au-delà, on dépasse les capacités de l’Allemagne et de la France. Surtout si l’on pense à la fragilité des finances publiques en France.

Equipe GECODIA

Mardi 11 Janvier 2011