Crise de la dette : Combien coûterait une aide à l’Italie ?


Le gouvernement italien aura besoin de 370 milliards € en 2012 et 300 milliards en 2013 pour couvrir tous ses besoins, soit toutes les ressources du FESF et du FMI. Seule une intervention de la BCE rendrait un plan crédible.



Avec des taux dépassant 7 %, y compris à 2 ans, l’Italie a désormais un niveau de taux d’intérêt comparable à ceux du Portugal ou de l’Irlande lorsque ces pays furent contraints de demander l’aide de l’Union européenne et du FMI pour se financer. De plus, les taux courts sont quasiment au même niveau que ceux à 10 ans ou 30 ans, signe qu’un scénario de défaut gagne en probabilité.

Il se pose donc la question d’un plan d’aide à l’Italie. Pour savoir ce que cela pourrait coûter sur les années 2012 et 2013, il suffit de faire la somme du besoin de financement (déficit) et du besoin de refinancement (dette arrivant à échéance). Concernant la dette à court terme (T-Bills, dette monétaire émise pour moins d’un an), le marché pourrait l’absorber mais à des taux élevés (taux 6 mois à 3,5 % lors de la dernière émission). Il est donc probable que l’aide couvre aussi ce besoin.

Selon les projections actuelles du gouvernement italien, le déficit public va atteindre 25 milliards € en 2012 et seulement 2 milliards € en 2013. En prenant un peu de marge car la récession (non incluse dans les prévisions actuelles) aura un impact négatif sur les comptes publics, on peut donc estimer à 40 milliards € sur 2012-2013 le besoin de financement.

Sur les 2 années à venir, les remboursements du capital de la dette vont atteindre 194 milliards € en 2012 et 151 milliards € en 2013. Enfin, le financement à court terme de l’Italie représente un encours d’environ 140 milliards € sur une année.

Au final, l’Italie aura besoin d’environ 670 milliards € sur 2012-2013, dont 370 milliards € sur 2012 et 300 milliards € sur 2013 en incluant le financement à court terme.

Pourquoi est-ce important ?

Actuellement le FESF a une capacité maximale théorique de 1 000 milliards €, dont 400 milliards avec un AAA. L’aide au Portugal mobilise déjà 26 milliards € et celle à l’Irlande 22,5 milliards € (la Grèce passe part un autre dispositif).

Le FESF a donc une capacité d’intervention restante de 350 milliards avec AAA. De son côté, le FMI a 390 milliards $ de disponibles (forward commitment capacity de septembre 2011).

Une aide à l’Italie absorberait donc la quasi-intégralité de la capacité d’intervention restante du FESF et du FMI sur 2012-2013. Ainsi, sans une aide majeure de la BCE via le SMP (programme d’achat de dettes publiques) on ne voit pas très bien comment un plan crédible pourrait être mis sur pied.

Équipe Gecodia.fr

Jeudi 10 Novembre 2011