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Belgique : une baisse des salaires des patrons du public envisagée


Les salaires des patrons des entreprises publiques belges seront "significativement diminués" dans les mois à venir, a annoncé jeudi leur ministre de tutelle, qui estime qu'ils ont atteint des niveaux "indécents" en période d'austérité généralisée.

"Comment expliquer à un postier, à un cheminot qui gagne 1.500 euros net, qu'il doit faire des efforts de productivité alors que son patron gagne 80 fois plus?", s'interroge dans le quotidien La Libre Belgique le ministre des Entreprises publiques, le socialiste francophone Paul Magnette.

"Il y a des écarts (entre les rémunérations) qui sont indécents", martèle-t-il.

"J'ai vu tous les CEO (patrons) concernés et je les ai prévenus: attendez-vous à ce que vos rémunérations soient significativement diminuées dans les mois à venir. La quasi-totalité m'ont dit: +je comprends cela très bien+", affirme le ministre.

"Cela concerne (l'opérateur télécoms historique) Belgacom, la Société nationale des chemins de fer belge SNCB, la poste (Bpost), le contrôleur aérien Belgocontrol", ainsi que Dexia Banque Belgique, récemment nationalisée, a-t-il détaillé.

Le gouvernement de coalition droite-centre-gauche dirigé par le socialiste Elio Di Rupo, au pouvoir depuis fin 2011, a déjà annoncé des mesures d'économie de plus de 12 milliards d'euros. Parmi elles, le report de l'âge du départ à la retraite et des diminutions des allocations de chômage ont déclenché l'hostilité des syndicats, qui ont déposé un préavis de grève générale pour le 30 janvier.

Pour donner l'exemple, les ministres et parlementaires belges ont décidé de réduire leurs rémunérations de 5%, tandis que le roi Albert II s'est engagé à contribuer à l'effort à hauteur de quelque 250.000 euros par an en 2012 et 2013.

"On est en période de crise: on ne peut pas dire qu'on va faire des économies qui touchent des publics vulnérables et ne pas toucher aux salaires des grands patrons", explique Paul Magnette.

S'il souhaite "commencer par agir dans les entreprises dans lesquelles l'Etat est actionnaire majoritaire", "la question reste ouverte" pour les patrons du privé, mais elle "pose des questions juridiques plus complexes", reconnaît Paul Magnette.