Japon : reprise sous conditions


Une reprise sans relais interne de l’économie japonaise. La croissance ne tient que grâce aux exportations et au déficit public



Japon : reprise sous conditions

Une croissance qui dit merci aux exportations





Au Japon, alors que la reprise en V des indicateurs de confiance a pris fin au troisième trimestre et que leurs niveaux sont proches d’indiquer un retour en récession, l’économie continue de profiter de la reprise du commerce international.





Stimulées par des échanges en Asie, mais aussi par une croissance plus forte aux États-unis et en Europe, les exportations nettes continuent fin 2009 de contribuer positivement à la croissance. Au vu des indicateurs avancés, comme les commandes de machines ou encore les PMI manufacturier mondiaux, ceci ne va pas changer à court terme.





Une faiblesse de la demande interne qui continue de s’aggraver





D’une part, il faut noter que les incitations fiscales (mesures de type « bonus écologique » sur tous les biens durables) ont permis à la consommation de se reprendre en 2009 (cf. graphique). L'effet s’effacera début 2010. Or, les déterminants de la consommation sont très négatifs, principalement à cause des baisses de salaire. Ainsi, en décembre les bonus d’hiver ont chuté de 10 % sur un an et les revenus salariaux totaux de 6 %. Si l’emploi devrait mieux se comporter en 2010, ce ne sera pas suffisant pour dynamiser la consommation. Le niveau très bas d’épargne au Japon ne donne pas plus de marge de manœuvre.





Du côté des entreprises, tabler sur autre chose qu’une simple stabilisation de l’investissement est difficile. La profitabilité des entreprises japonaises reste largement inférieure à son niveau d’avant crise, les excès de capacités sont massifs et les commandes domestiques de machines ont atteint en novembre un plus bas historique.





Plus de stimulation budgétaire pour soutenir la consommation





Le budget 2010 prévu par le gouvernement sera crucial pour éviter une nouvelle récession. Orienté principalement vers les ménages, il viendra soutenir la consommation à partir de la seconde moitié 2010. Ainsi, comme en 2009, l'évolution de la demande interne sera déconnectée de ses fondamentaux, grâce à un déficit budgétaire massif. Ceci, avec le commerce extérieur, permettra d’éviter un retour en récession via une contraction prolongée des dépenses des ménages.





En cas de pépin, le Japon replongera illico





L'exposition de l’économie japonaise à un choc en provenance de la demande extérieure ou des finances publiques (type crise grecque actuelle) est très élevée. Or, une crise sur la question de la dette n’est pas à exclure (même si la probabilité reste faible) et les exportations vers l'Asie peuvent perdre de leur élan. Dans un cas comme dans l’autre, le retour à la récession serait inévitable.



Guillaume Guidoni

Jeudi 4 Février 2010



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