Intervention sur le franc suisse : la BNS sort la grosse artillerie


Pour contrer l’appréciation continue du franc suisse face à l’euro, la banque centrale de Suisse a décidé d’intervenir massivement sur le forex. Une intervention qui va venir gonfler la liquidité.



La Banque Nationale Suisse (BNS) a annoncé hier la création d’un plancher pour l’EUR/CHF, à 1,20 franc pour un euro. Depuis le début de l’année 2008, le franc suisse s’est continûment apprécié du fait de son rôle de valeur refuge. Le mouvement s’est accentué depuis début 2010, la crise de la dette dans la zone euro prenant plus d’ampleur.

La BNS juge que le franc a atteint un niveau posant un risque important pour les exportations et donc la croissance. De plus, l’appréciation du franc suisse, en réduisant le prix des biens importés, contribue à alimenter le risque de déflation.

En effet, d’une part comme le montre l’indice PMI pour le secteur manufacturier en Suisse, (cf. graphique ci-dessous), l’activité s’est très nettement dégradée sur les derniers mois. Le PMI a perdu 7,5 points en 3 mois et est tombé à 51,7 points (50 points : limite expansion-contraction), au plus bas depuis septembre 2009. Plus inquiétant, l’indice sur l’emploi tombe tout juste à 50,3 points et les carnets de commandes (perspectives) s’effondrent à 46,4 points.

D’autre part, l’inflation en Suisse reste très faible à seulement +0,2 % sur un an en août. L’inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) est quasi-nulle depuis plus d’un an.

Pourquoi est-ce important ?

Pour créer ce plancher pour le franc suisse face à l’euro, la BNS va faire tourner la planche à billet et ensuite acheter massivement des euros. La communiqué est clair : « La Banque nationale fera prévaloir ce cours plancher avec toute la détermination requise et est prête à acheter des devises en quantité illimitée. ». Les interventions étant non-stérilisées, cette création monétaire va venir gonfler le bilan de la banque centrale de Suisse et donc va injecter des liquidités excédentaires dans le système financier suisse. Il s’agit d’une politique de type « quantitative easing ». Le risque inflationniste découlant de ce type de mesure est très limité, le contexte restant clairement déflationniste en Suisse.

Équipe Gecodia.fr

Mercredi 7 Septembre 2011