Crédits et monnaie en zone euro en décembre 2011 : le credit crunch pointe le bout de son nez


En décembre 2011, le coup de frein sur M3 s'est encore accentué. Les flux de crédits aux entreprises et aux ménages sont très négatifs, un très mauvais signal pour l'investissement et l'immobilier.



Crédits et monnaie en zone euro en décembre 2011 : le credit crunch pointe le bout de son nez
L’agrégat monétaire M3 pour la zone euro continue de ralentir en décembre 2011 et finit l’année sur une hausse de seulement 1,6 % sur un an, la plus faible depuis octobre 2010. M3 progressait encore de 2,9 % sur un an en septembre dernier.

La principale mesure de la masse monétaire circulant dans l’économie de la zone euro (comptabilise les espèces et les dépôts « liquides » dont les comptes courants, comptes d'épargne ou placements facilement convertibles en cash) reste donc en faible hausse, notamment comparée à sa moyenne de longue période (+6,3 % en moyenne depuis 20 ans, cf. graphique).

Le ralentissement de M3 est provoqué par un coup de frein sur les crédits au secteur privé. Pour l’ensemble de la zone euro la hausse n’atteint que 1 % sur un an fin 2011 contre +1,7 % au moins de novembre.

Du côté des ménages, les prêts passent d’une hausse de 2,1 % en novembre à seulement 1,5 % en décembre. Le coup d’arrêt est net que les crédits immobiliers (+2,1 % après +3 %). Le flux mensuel pour les prêts immobiliers a été négatif en décembre (-7 milliards d’euros). Une baisse de l’encours pour ce type de crédit n’avait été observée qu’au plus fort de la crise de 2008-2009. Pour les crédits consommation, la variation était déjà négative et n’a pas bougé sur le mois de décembre (-2,2% sur un an).

Pour les entreprises non financières, l’encours de crédit ne progresse plus que de 1,1 % en décembre 2011 contre 1,6 % en novembre. Le flux mensuel a été négatif pour le second mois consécutif, avec un recul de 37 milliards d’euros en décembre (-7 milliards d’euros sur le mois en novembre). Un tel recul n’avait jamais été observé, y compris en 2008-2009.

Le recul du flux mensuel et les évolutions très rapide à la baisse renforce la crainte de credit crunch (assèchement du crédit) en zone euro. C’est mauvais pour la croissance à travers l’investissement productif et construction. C’est aussi très mauvais pour l’immobilier européen.

Pour la BCE, M3 et le crédit au secteur privé sont des éléments clefs du « pilier monétaire » qui permet de juger des risques de hausse de l’inflation à moyen et long terme (théorie monétariste). Compte tenu de leur faiblesse actuelle, la BCE a toute latitude pour stimuler encore plus l’économie (liquidité, baisse de taux).

Équipe Gecodia.fr

Vendredi 27 Janvier 2012



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